Martin BUYSSE

Martin Buysse vit à Namur, Belgique. Physicien, il enseigne à la faculté d’architecture de l’université de Louvain. Il y a assuré la direction du campus de Saint-Luc Tournai de 2010 à 2013.

La Radio-Télévision belge de la Communauté française (RTBF) est une entreprise publique autonome à caractère culturel responsable du service public de la radio et de la télévision pour la Communauté française de Belgique (Wallonie et Bruxelles).

Retrouvez Sophie Creuz tous les mardis vers 7h40 pour le point littérature.

Pascal Goffaux : Vous nous présentez un premier roman, paru aux éditions Zellige. « La logique du sang » de Martin Buysse. C'est un auteur belge ?

Sophie Creuz : Un Belge en effet, qui vit à Namur et qui publie ce premier roman dans la collection Vents du Nord des éditions Zellige. Alors un mot sur cet éditeur, qui après avoir mis en valeur la littérature francophone d'Afrique du Nord accueille des inédits d'auteurs belges et des classiques de notre littérature, devenus introuvables.

P. G. : C'est un éditeur français ?

S. C. : Oui, c'est Roger Tavernier, qui courageusement publie des auteurs inconnus du grand public, avec il faut le dire, un certain flair.

P. G. : Cette fois, c'est donc « La logique du sang » de Martin Buysse, qui nous parle de quoi ?

S. C. : C'est l'histoire d'un homme jeune, en dilettante. Entre son boulot et son divorce récent, il n'est ancré dans rien. Et puis arrive dans sa vie, une jeune Palestinienne dont il s'éprend et dont il va avoir un enfant. Et avec elle, il découvre ce que sont les territoires occupés, la vie quotidienne à Gaza, la complexité de la cohabitation de deux peuples en guerre.

P. G. : Le conflit israélo-palestinien s'invite dans son couple ?

S. C. : C'est un peu ça, comment finalement une guerre, des appartenances qui ne sont pas les siennes, et une histoire qui lui est étrangère, vont bouleverser sa vie. Lui aussi, d'une certaine manière est réfugié dans sa propre existence, en attente de quelque chose qui ne vient pas, d'une pacification avec lui-même, qui le ferait sortir de sa médiocrité, sa routine, sa grisaille.

P. G. : Et il va prendre fait et cause pour la Palestine ?

S. C. : Non, il va souffrir dans sa propre chair, par le biais de sa petite fille, de ce que suppose vivre sous la menace permanente, l'encerclement, la violence et le cercle infernal des représailles de part et d'autre. Cette logique du sang.

P. G. : Le livre se passe en Belgique et en Palestine ?

S. C. : Si je vous dis qu'il se passe aussi au Portugal, cela ne vous éclairera pas. Alors, disons que l'occasion lui est donnée de faire face au Général israélien qui a fait bombarder l'immeuble dans lequel se trouvaient sa femme et sa petite fille...

P. G. : C'est un thriller politique ?

S. C. : Oui, il y a les préparatifs, la traque, mais il y a aussi, la déflagration intérieure, la métamorphose profonde que provoquent la haine, la prédation. Et c'est franchement bien mené, bien écrit, le lecteur entre insidieusement, presque en douceur, tant elle semble inéluctable, dans la spirale de la vengeance, avec ses conséquences dévastatrices. Il y a donc, sous le thriller politique, une réflexion qui s'ouvre là, pour le lecteur, à l'insu même du personnage.